Jeune étudiante, Bitna connaît les carences et la pauvreté dans la ville de Séoul. Pour des études universitaires Bitna rejoint cette ville immense où elle découvre la culture, la vie urbaine après avoir grandi dans une petite ville de province Jeolla-do :
« C’est dans la librairie que j’ai vraiment commencé à observer les gens. Le bus, le métro ou les trottoirs des rues n’étaient pas de bons endroits, parce que les gens bougeaient trop, marchaient vite, s’en allaient en courant. Ou bien ils s’arrêtaient et c’était moi qui devenais un objet d’observation, la chose la plus terrible qui pouvait m’arriver parce qu’en réalité ce que je voulais, c’était rester invisible, voir sans être vue. »
Pour compléter l’emprunt de ses parents, pour assurer ses études, Bitna répond à une annonce de Salomé : « Je m’appelle Kim mais je préfère Salomé, je ne peux plus sortir de chez moi à cause de la maladie, j’attends celui, celle qui viendra me raconter le monde, j’aime beaucoup les histoires. Ceci est une annonce sérieuse, en échange de vos histoires je vous donnerais un bon salaire. »
Entre Bitna et Salomé se noue une relation d’amitié, de complicité, de silence.
« Je vous attends cet après-midi, vous viendrez ? N’est-ce pas ? » interroge Salomé quand Bitna oublie des rendez-vous de lecture pour se loger, pour se nourrir, car elle a cours à l’université, car elle est amoureuse, parce qu’elle organise des séminaires pour financer ses études. « Ne m’oubliez pas ! Venez me voir. » demande Salomé quand les absences sont longues.
Ce beau roman, construit sur une alternance du récit d’amitié entre Salomé et Bitna et des histoires que raconte Bitna lors de leurs rencontres, nous transporte auprès de deux personnages du quotidien : l’imaginaire va les réunir et accompagner Salomé.
L’écriture de Jean-Marie-Gustave LE CLÉZIO telle un ruisseau comme il en coule nombreux en Corée nous capte et nous fait garder longtemps, entre nos mains, ce beau livre.
Claudine RENAUD Directeur des Services de la Médiathèque du Loiret