La Médiathèque départementale du Loiret, avec le concours de la DRAC, accompagne les bibliothèques dans leurs actions de lutte contre l’illettrisme, en proposant l’implantation de fonds Facile à Lire ainsi que des temps de médiations.
Dans ce cadre, Aline Le Guluche est intervenue pour nous partager son témoignage ce 18 octobre à la bibliothèque de Fleury-les-Aubrais.
De son expérience personnelle, Aline Le Guluche tire son premier livre, J’ai appris à lire à 50 ans. Elle y retrace son parcours marqué par la résilience et la conquête de la liberté personnelle. En 2023, elle publie un second ouvrage, Mon combat contre l’illettrisme, dans lequel elle approfondit son engagement auprès des personnes en difficulté avec la lecture et l’écriture.
Aline Le Guluche à commencer son intervention en rappelant la différence entre l’analphabétisme, qui concerne ceux qui n’ont jamais pu apprendre à lire et écrire, et l’illettrisme qui touche des personnes ayant été à l’école sans avoir acquis ou conservé les bases nécessaires pour développer pleinement ces compétences. Pour certains, c’est même un processus de désapprentissage qui s’enclenche. Encore aujourd’hui, 10 % des élèves arrivent en classe de 6e sans savoir lire ni écrire. Et les chiffres les plus récents montrent une progression inquiétante de l’illettrisme, en particulier chez les jeunes, aussi bien en milieu rural qu’urbain.
« Il y a en réalité plusieurs formes d’illettrisme », précise-t-elle, « et cela ne veut pas dire que l’on ne sait rien. Mais les efforts pour compenser sont souvent immenses. »
Aline Le Guluche a ensuite partagé les réalités de son quotidien. Travaillant dans le monde hospitalier, elle devait décrypter des informations médicales, comprendre des consignes, tout en dissimulant ses difficultés. Elle a mis en place des astuces ou des méthodes de contournement.
« On dit oui à tout pour garder son travail. » On n’ose pas dire qu’on ne comprend pas. Chaque tâche demande une énergie considérable pour paraître comme les autres.
Ce quotidien pesant l’a poussée à formuler une demande d’aide auprès de la DRH de l’établissement où elle travaillait. Lorsqu’elle obtient un accompagnement, elle est orientée vers l’École des compétences clés à Paris, un lieu qui sera pour elle un tournant majeur.
Dans ces cours pour adultes, le rapport avec l’enseignant change complètement. » Elle y découvre une pédagogie bienveillante, un groupe d’élèves solidaires, et surtout un lieu où l’on peut parler de ses difficultés sans honte.
Grâce à cet apprentissage progressif, Aline Le Guluche entame une Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), et à cette occasion découvre l’utilité des correcteurs d’orthographe qui permettent de s’exprimer plus facilement à l’écrit.
Son diplôme en poche suite à ce parcours, elle se souvient des gens qui lui ont apporté leur aide. « Les bonnes choses arrivent quand on croise les bonnes personnes. Du beau peut alors surgir. »
Au cours de son intervention, elle aborde également sa vie de femme, marquée par l’emprise et le besoin d’émancipation.
À travers son engagement, Aline Le Guluche incarne aujourd’hui une parole libérée, qui encourage à briser les tabous, parler, demander de l’aide.